Articles de philosophie, anthropologie, sociologie, psychologie, psychanalyse et politique de ReveGeneral.0rg.
Sur ce secteur de la sociologie au carrefour historique de l'éthique, de la psychologie... et du Politique
« L'Inconscient, c'est la politique » - vraiment ?
Je vais évoquer ici deux concepts qui structurent et polarisent la réflexion morale et politique moderne et contemporaine : celui du Respect, et celui de la Solidarité. J'essaierai de montrer en quoi la liaison qu'Emmanuel Kant met au jour, via celui d'Autonomie, entre le premier et celui de liberté, est insuffisante pour penser le lien social, et qu'il faut en appeler au second. Pour se faire, j ...
La mélancolie ou l’éclosion de Soi dans le deuil du Moi : qu'objecter à l'objet ? Du meurtre à la naissance du sujet – pour une éthique de la perte. - Croyance et vérité en psychanalyse - Que peuvent nous apprendre de la condition de l'être-humain, les thématiques – liées – du travail de deuil et de l'angoisse mélancolique ? Freud nous dit, en un premier temps, que le travail du deuil – dont nous verrons qu'il est, comme l'est le travail de l'Histoire pour le sujet de la division, tout autant un travail sur le deuil qu'un travail par le deuil – concerne l'inscription de la relation d'objet dans la perte de l'objet aimé, de l'objet du désir. Dans le deuil, en effet, l'objet du désir, investi par la libido, est perdu : être aimé disparu ; amour pour une fiancée que l'on abandonne, ou à l'inverse la personne qui nous quitte ; mais encore un objet inanimé que l'on a investi affectivement. Investissement libidinal qui se trouve désormais sans objet et doit être déchargé, mais cela n'étant jamais possible, il faut alors détourner, c'est à dire réinvestir la libido : travail douloureux de changement de position libidinale, à laquelle le sujet peut résister jusque à ressusciter hallucinatoire-ment, psychotiquement la personne ou l'objet perdu – c'est à dire toujours le sujet de son désir que celui-ci ne peut plus atteindre, saisir, com-prendre. Le deuil apparaît ainsi comme une « activité de compromis », la tâche douloureuse et forcément déstabilisante – puisque traduisant un réagencement de la structure d'être-au-monde, en tant que celle-ci est toujours linguistique – d'un travail de désinvestissement-réinvestissement difficile à mener. La perte de l'objet du désir, personne aimée ou plus largement objet investi par la libido, impose au sujet de le désinvestir, de retirer toute la libido des liens qui la retiennent à cet objet. Le psychisme évidemment s'y rebelle – « on peut observer d’une façon générale, dit J.-D. Causse, que l’homme n’abandonne pas volontiers une position libidinale même lorsqu’un substitut lui fait déjà signe. » Le deuil est une tâche, dit Freud, « accomplie en détail, avec une grande dépense de temps et d’énergie d’investissement, et, pendant ce temps, l’existence de l’objet perdu se poursuit psychiquement. Chacun des souvenirs, chacun des espoirs par lesquels la libido était liée à l’objet est mis sur le métier, surinvesti et le détachement de la libido est accompli sur lui. » « Pourquoi cette activité de compromis, où s’accomplit en détail le commandement de la réalité, est- elle si extraordinairement douloureuse ? Il est difficile de l’expliquer sur des bases économiques. Il est remarquable que ce déplaisir de la douleur nous semble aller de soi. Mais le fait est que le moi après avoir achevé le travail du deuil redevient libre et sans inhibitions. » 0r, la difficulté qui se pose dans une telle compréhension du travail de deuil, est que l'objet, d'une certaine manière est toujours déjà perdu. Plus précisément, il apparaît comme toujours-déjà imprenable puisque il recouvre l'objet-a – il en fait symptôme – qui est, dit Lacan, le nom d'une perte. La description que donne Freud de la mélancolie, qui rejoint celle qu'en donne le phénoménologue, éclaire cette problématique :
Autour d'une controverse : Chomsky - Zizek - Lacan Que comprendre de la controverse opposant Chomsky à Zizek, et à travers lui Lacan ? « Si je prends le scenario du dernier épisode de Lost, que je le coupe en petits bouts, que je recolle les morceaux dans un ordre purement aléatoire et que je fasse tourner le produit par David lynch, il en résulterait quelque chose de quand même plus cohérent que ce qu'écrit Slavoj Zizek. » (propos attribués, de manière humoristique, à Noam Chomsky) « Une des choses qui m’ont le plus frappé quand j’étais en Amérique, c’est ma rencontre… qui était certes pas par hasard, qui était tout à fait intentionnelle de ma part …c’est ma rencontre avec CHOMSKY. J’en ai été, à proprement parler, je dirai soufflé. Je le lui ai dit. L’idée dont je me suis rendu compte qu’elle était la sienne est en somme celle-ci… dont je ne peux pas dire qu’elle soit d’aucune façon réfutable, c’est même l’idée la plus commune, et c’est bien qu’il l’ait - devant mon oreille - simplement affirmée, qui m’a fait sentir toute la distance où j’étais de lui …cette idée qui est l’idée en effet commune, est celle-ci, celle-ci qui me paraît précaire : la considération, en somme, de quelque chose qui se présente comme un corps, un corps conçu comme pourvu d’organes, ce qui implique dans cette conception que l’organe est un outil… outil de prise, outil d’appréhension …et que il n’y a aucune objection de principe à ce que l’outil s’appréhende lui-même comme tel, que par exemple le langage soit considéré par lui comme déterminé par un fait génétique… il l’a exprimé en ces propres termes devant moi …en d’autres termes que le langage soit lui-même un organe. Il me paraît tout à fait saisissant… c’est ce que j’ai exprimé par le terme soufflé …il me paraît tout à fait saisissant que de ce langage, on puisse faire retour sur lui-même comme organe. » (Jacques Lacan, in le Sinthome, 9/12/1975).
L'identité est un chemin d'exil. « Avoir conscience de la mort et penser ou raisonner, c’est tout un, puisqu’on ne pense qu’en quittant les particularités de la vie, et donc en concevant la mort »1, écrit Maurice Merleau-Ponty. La conscience de la vie est conscience de la mort. Freud, déjà, articulait la vie psychique autour d'une dialectique d'Éros et de Thanatos, des pulsions de vie et de mort. Une telle idée est également à l’œuvre dans ce qui, chez Heidegger, est tout autant une anthropologie qu'une ontologie – l'élucidation de l'être-Homme comme être-au-monde, être-jeté-là, et pro-jet, qui a à approprier comme une ex-tase son existence originairement donnée comme factice, en la déterminant en vue de sa fin, dans un perpétuel devancement de soi qui va chercher en l'autre le fondement de son ipséité. Si pour Fichte, en effet, dont l’œuvre a très largement inspiré les travaux de M. Heidegger, la possibilité est donnée à l'Homme de se constituer en son ipséité, ce n'est que parce qu'est posée une division essentielle entre lui et le monde qui lui permet de revendiquer son identité en l'opposant à une irréductible altérité – le Moi ne peut venir à l'existence qu'en tant qu'il se pose face à un Non-Moi. L'activité qui fonde l'essence de l'Homme comme ex-istence n'est possible que comme effort permis par la résistance que lui oppose le monde. Lacan puisera abondamment dans cette tradition qui pense l'Homme comme dialectique – dialectique de l'activité et de la passivité ; de l'identité et de l’altérité ; de l'appartenance et de la distanciation ; de la vie et de la mort, Éros et Thanatos.
Le Soi entre Moi et Non-Moi et l'investissement du Symbolique comme principe de subjectivation. D. W. Winnicott présente dans un article intitulé « La localisation de l’expérience culturelle », que Gallimard a publié en 1975 dans Jeu et Réalité. L’espace potentiel, cet espace paradoxal qui n'est ni le Moi (Self1), ni le Non-Moi, mais qui, se situant entre les deux, permet leur différenciation en faisant charnière – aire transitionnelle, d'expérience, du jeu, qui organise la vie créatrice du sujet jusqu'à son prolongement dans l'espace culturel intersubjectif (sans, toutefois, qu'elle se réduise à la production d’œuvres culturelles). Winnicott précise la localisation intermédiaire de cette aire du jeu, sa fonction régulatrice, créatrice et ainsi transitionnelle, et rappelle qu'elle trouve son origine dans l'espace fusionnel qui « à la fois unit et sépare le bébé et la mère », permettant à l'enfant de se situer dans un environnement en lui opposant, après un temps d'identification « illusoire » entre sujet et objet, une résistance. Nous verrons ce que cela a à voir avec les philosophies empiriste et, a fortiori, phénoménologique.
Freud publie Totem & Tabou en 1913, à une époque où le positivisme est érigé en modèle d'une science dans laquelle le père de la Psychanalyse entend inscrire cette jeune discipline. D'emblée, il présente ce récit des origines comme la description historicisante de l'entrée des premiers hommes dans la culture. Nous connaissons la trame de l'histoire : une horde primitive dirigée par un Père tout puissant, premier patriarche, instituant non institué qui ne connaît d'autre Loi que celle de son désir1, à laquelle il soumet l'ensemble du clan – les jeunes mâles de la horde, donc, décident de faire alliance (communauté) pour déposséder le Père de son pouvoir, le tuent et, incapables d'assumer leur geste, renoncent à partager ce pouvoir sans pour autant briser l'Alliance, refoulent ce meurtre du Père fondateur et érigent un Totem, signifiant originaire2, en représentant la toute-puissance fantasmée et rappelant, métaphoriquement, le parricide devenu tabou, la disparition de cette première divinité et la culpabilité d'y avoir pris part ne pouvant être acceptées. Les hommes entrent ainsi dans la culture et la re-ligion (religere : relier) par un acte double : le meurtre du Père, et le renoncement à son pouvoir – qui prend la forme d'un refoulement, le totem faisant signe, symptôme, du tabou, ce qui ne s'écrira pas dans la culture, la chaîne mémorielle. Ainsi, la communauté nouvelle peut faire société. De cet "oubli" d'un signifié indicible surgit en effet l'organisation signifiante de la culture. L'humanité accède à elle-même en mettant à mort le fantasme de sa toute-puissance, selon un schéma qui n'est pas sans rappeler les théories contractualistes qui font de la renonciation à une liberté absolue l'acte fondateur du Social, avec deux différences majeures. D'abord, il ne s'agit pas ici d'un choix rationnel de limiter sa liberté pour en préserver la possibilité au sein d'un espace collectif, mais d'un désir de toute-puissance qui, ne pouvant être assumé en sa conclusion la plus dramatique – la mise à mort de celui qui a engendré les meurtriers – est refoulé – l'entrée dans la culture procède donc d'un fait de l'Inconscient. En outre, Freud semble présenter le récit comme un fait historique, alors que les contractualistes insistent sur le caractère fictionnel de leurs théories, qui ont pour but de démontrer la légitimité du point de vue de la Raison des principes du droit : si les individus étaient placés, à n'importe quelle époque et quelque soit le lieu3, devant l'alternative d'une entrée dans la culture ou d'un maintien de l'état de Nature (ou d'un retour à la Nature, si le choix se posait alors que la société a déjà été instituée), ils n'accepteraient d'instituer ou de maintenir la société qu'en vertu d'un choix rationnel (et tout à fait conscient), mettant au jour les principes qui leur fourniraient s'ils étaient institués un avantage en termes de liberté par rapport à la situation qui prévaut à l'état naturel. Les théories contractualistes qui se présentent comme des récits historiques sont donc en réalité généralement des constructions anhistoriques visant à mettre au jour la rationalité du droit (positif voire situé, diront les mauvaises langues), afin de démontrer l'intérêt d'une forme juridique ou d'une autre pour un individu rationnel, sinon raisonnable, quand le récit présenté dans Totem & Tabou entend présenter les faits qui, historiquement, auraient marqué l'entrée de l'humanité dans la culture, faits qui trouvent leur sens non dans une rationalité économique – en termes d'utilité calculée, comme dans l'hypothèse contractualiste – mais uniquement du point de vue de l'Inconscient - c'est à dire de l'économie pulsionnelle. Qu'en dit Lacan ? Un peu plus d'un demi-siècle plus tard, le successeur autant décrié qu'admiré de Freud écrit ceci : « C’est tout de même pas parce que je prêche le retour à Freud, que je ne peux pas dire que Totem et Tabou, c’est tordu. C’est même pour ça qu’il faut retourner à Freud : c’est pour s’apercevoir que, si c’est tordu comme ça, étant donné que c’était quand même un gars qui savait écrire et penser, ça devait avoir une raison d’être. » – Lacan, Séminaire XVII. L'envers de la Psychanalyse (version non publiée), séance du 11 Mars 1970. Lacan considère le récit présenté dans Totem et Tabou comme « tordu » : historiquement, cela ne tient pas la route, les événements ne se sont pas déroulés comme cela ; d'ailleurs, si c'était le cas, comment pourrait-on le savoir puisque par définition, un tel prélude à la culture ne serait relaté nulle-part – sinon métaphoriquement, à travers les traces qu'il y aurait laissé ? En effet, il serait antérieur à l'écriture, à l'Histoire, au langage... et ne serait donc rapporté nulle-part tel qu'il s'est déroulé. En conséquence, un tel récit ne peut s'inscrire dans le registre de l'Histoire, ainsi que le voulait Freud, mais uniquement dans celui du mythe, c'est à dire du Symbolique – l’histoire d’une réalité qui n’appartient pas à une temporalité chronologique. Freud lui-même présente d'ailleurs ce texte comme un « mythe scientifique », une « fantaisie ». Est-ce à dire qu'il ne serait porteur d'aucune vérité ni ne posséderait la moindre actualité ? Voyons ce qu'écrit Lacan immédiatement après la citation que nous venons de fournir : « Je ne vais pas ajouter « Moïse et le monothéisme n’en parlons pas », parce qu’au contraire, on va en parler. » Si Lacan prend la peine de parler des mythes religieux – et il en parlera à de nombreuses reprises dans l'ensemble de son œuvre – c'est que de tels récits, pour autant qu'ils ne sont porteurs d'aucune vérité historique (ou de peu), ont bel et bien quelque chose à nous apprendre. Ricoeur n'enseigne-t-il pas que les œuvres du passé conservent toujours une vérité herméneutique, qui se donne dans le rapport singulier qu'entretient avec elles un lecteur d'après le cadre d'interprétation que fournit le contexte de sa lecture ? Que peut donc bien nous apprendre la lecture de Totem & Tabou, aujourd'hui ?
Le sentir paradoxal : les sensations comme ouverture au langage (l'antécédence de l'Ouvert à l'égard du langage saisi dans sa dimension synchronique) - Théories et cliniques psychanalytiques - Bien que largement contredite par les sciences humaines et sociales et les recherches philosophiques contemporaines, une idéologie demeure dramatiquement en vogue, et nombreux sont ceux qui pratiquent à son égard une forme de déni, contraints d'accepter d'un côté les preuves accablantes de l'échec de la théorie tout en continuant d'en assumer illusoirement les prétendues conséquences dans le champ pratique – moral, économique, politique... Une telle idéologie – l'Individualisme – prétend que l'Homme serait avant tout une conscience dont la liberté s'apparenterait à un désengagement radical, et que ce ne serait que secondairement que cette liberté ferait le choix rationnel de ses engagements, de ses croyances, de ses désirs. L'Homme serait donc primairement, essentiellement, une substance autonome – la Res cogitans cartésienne – et se lierait au monde, ressentirait, entrerait dans le langage et la langue, dans Lalangue, en quelque sorte par accident. 0r, contrairement à ce que prétend l'Individualisme, l'Homme n'est jamais ni ne peut être une tabula rasa : il est même, on le sait au moins depuis Husserl, par définition, structurellement, essentiellement tout le contraire d'une conscience séparée du monde, qui s'imprégnerait seulement secondairement de sensations provenant de son extériorité. La relation est première, l'Homme toujours-déjà engagé, toujours déjà présent au monde, un être-là-avec – c'est à dire qu'il est toujours-déjà au-monde et toujours déjà là-avec-l'autre (et l'Autre !). L'enfant à naître n'est-il pas, ainsi que le dit Lacan, dès avant sa naissance, « déjà, de bout en bout, cerné dans ce hamac de langage qui le reçoit et en même temps l’emprisonne » ? Pour le moins, l'Homme naît dans le langage : toujours-déjà pris dans ce filet que constitue pour lui le Signifiant – à la fois un étau et un socle, qui ouvre en la bornant l'existence du sujet de l'Autre. L'Homme ne vient jamais au monde préalablement à toute expérience : « exister, pour nous c'est sentir » disait fort justement Rousseau. Dès sa venue au monde, l'être humain éprouve des sensations. Sitôt qu'il est jeté à l'eksistence, il l'est déjà sous la modalité du sentir, modalité qui doit alors se comprendre non comme simplement existentielle – contingente – mais existentiale – nécessaire, participant de la structure ontologique de cet être singulier que Heidegger nomme Dasein, et Lacan, Parlêtre : LOM. LOM, DaSein, l'être-humain en tant qu'il est toujours-déjà un être-au-monde, est d'emblée et jusqu'à la fin de son eksistence jeté au monde sous le mode du sentir – et ce avant-même de l'être sous le mode du parler. En quoi l'entrée de LOM dans le langage est-elle elle-même préparée par, et conditionnée à cette structure sensitive ou perceptive du sujet ? En quoi les sensations ouvrent-elles l'Homme au langage ? N'y a-t-il pas dans le sentir déjà une structure linguistique, ou à tout le moins pré-linguistique, et déjà symbolique ? Les sensations, en effet, ne doivent-elles pas se comprendre comme ce par quoi toujours déjà s'esquisse la symbolisation, une marche qui fait se tenir l'Homme, dès sa venue au monde, à l'entrée du langage, à l'orée du Symbolique, donc du Réel, en tant que déjà il s'y divise, préparant à ce qu'il s'y dit-vise – là où le Réel s'absente, condition de sa représentation, de lalangue ? Pour le dire autrement, les sensations ne traduisent- elles pas un Sentir originaire constituant la condition existentiale du Parlêtre comme Dasein ? Avec les sensations, en effet, il semble que nous soyons déjà dans quelque chose de l'ordre de la trace. Les sens préparent le sens, permettant l'entrée dans la signification qui à la fois ouvre et borne le sujet, l'eksistence dite subjective : les sensations se situent dans ce battement que Bernard Salignon nomme « l'entrouvert », et qui renvoie évidemment à ce par quoi Heidegger définissait l'Homme, DaSein, comme clairière de l'être.
Principes politiques d'un néosocialisme libertaire, post-libéral, post-communiste, post-anarchiste Le présent article donnera les grandes lignes de ce que devrait être un projet politique conforme à la philosophie développée par les auteurs de ReveGeneral.org. La nature même d'un tel texte implique qu'il demeure à l'état de brouillon, voué à être régulièrement développé, modifié, corrigé. Nous ne détaillerons pas ici outre mesure les motifs philosophiques qui structurent ces principes politiques. Ceux-ci sont explicités sur le wiki et dans les articles présents sur le site. Des liens vers les pages correspondantes seront ultérieurement placés dans le présent document.
Principes, fondements, conditions et enjeux d'une éthique contemporaine. La Solidarité comme principe d'Autonomie, entre liberté et déterminismes - éthique contre morale : le problème de l'aliénation et la religion contemporaine Note : Cet article a été initialement publié sur le site de l'Institut d'Ethique Contemporaine. Nous en produisons ici une version remaniée. Télécharger l'article au format pdf L'humanité doit faire face aujourd'hui au plus grand défi moral auquel elle ait jamais été confrontée, écrit K.0. Apel : depuis les origines de l'Homme, l'homo-sapiens court après l'homo-faber, et les développements exponentiels de la technique ne sont plus régulés par une éthique dont le déploiement souffre d'un profond retard à l'égard des autres domaines de la connaissance humaine. Il en résulte que la technologie est mise au service de l'exploitation de l'homme par l'homme, au service des puissants, alors qu'elle pourrait être instrument d'émancipation au service des classes populaires et des populations défavorisées, ici comme ailleurs. Partout, et de plus en plus, l'exigence de justice se fait criante. Justice civile, juridique, mais aussi justice sociale. Justice institutionnelle, politique et économique, mais encore justice dans les rapports interindividuels quotidiens. La morale du « chacun pour soi, tous contre tous » et de la course effrénée au profit, l'immodération des désirs prônée par l'idéologie néolibérale, le culte de la puissance et de la non-maîtrise de soi, freinent le développement de l'autonomie individuelle et collective qui seule permet l'émergence de la réflexion et de la conduite éthique. A l'heure où les comportements inciviques se multiplient à tous les niveaux de la société, et où il apparaît de plus en plus que les fondements mêmes de nos rapports économiques et sociaux vont dans le sens du conflit généralisé et de l'égoïsme narcissique et pervers, du « tout pour soi, contre les autres », la question de l'éthique n'a jamais paru aussi cruciale. Cette question est plurielle : Quelle est la source de la norme ? Quelle est sa forme ? Quel est son contenu ? Quel est son champ d'application ? Quelles raisons avons-nous d'adopter une conduite éthique ? Enfin, comment appliquer les principes de l'éthique dans les sociétés historiquement déterminées qui sont les nôtres, et quels sont les obstacles à surmonter pour y parvenir ? Tels sont les enjeux du problème auquel nous essaierons d'apporter quelques éléments de réponse, notamment en revenant sur la distinction essentielle entre la morale répressive historiquement déterminée et la réflexion éthique sur les normes de la coexistence. Nous verrons quelles réponses peut apporter la notion kantienne d'autonomie à la question de l'agir libre avec les autres dans un monde déterminé, mais aussi comment, après les vives critiques qui lui ont été portées par les sciences humaines et sociales et la philosophie contemporaine, comprendre la loi d'autonomie, non plus comme principe négatif de respect mais comme norme positive de solidarité, et quelles répercussions cela devra avoir dans les domaines juridique, politique et économique.