A la lettre ! Lacan & Derrida, histoire d'un malentendu
Désaffiliation et retrait de l’activité : se désengager pour rester engagé ?
La constitution de l'Europe :
la critique habermasienne de la construction européenne analysée au prisme de la théorie de la Reconnaissance
L ' « immigré » : une catégorie d’analyse pertinente ?
Quelle utilité peut revêtir un tel concept pour les sciences sociales ?
Un genre de différence : de la coupure et du Réel, des ordres symboliques et de la différence imaginaire.
Pourquoi la théorie du Genre ne manque pas la différance sexuelle
(sur le statut ontologique des rapports de domination)
utilisateurs en ligne :
ReveGeneral.0rg se veut un site de développement collaboratif et de promotion d'une philosophie contemporaine. Il entend ouvrir un espace de création et d'échanges libres sur des sujets de société et les principes qui les sous-tendent. A ce titre, il se revendique un laboratoire de possibles, aux frontières des champs artistique, philosophique, sociologique et anthropologique.
Les textes qui se trouvent sur le site se veulent à la fois intersectionnels et marginaux : ils cherchent en effet à se situer à la marge de l'épistémè, ouverts sur son en-dehors, et à explorer ses inter-sections. Les articles ici publiés n'ont généralement pas fait l'objet d'une publication antérieure dans des revues à comité de lecture : bien qu'ayant pour la plupart été rédigés par des chercheurs, ils visent à sortir du cadre universitaire - non pour le renier mais en vue de s'en distancier et le réfléchir en l'ouvrant à son Autre - explorer des voies plus libres, et adopter un ton plus engagé. Le projet porté par ReveGeneral.org doit ainsi se concevoir dialogiquement, comme une alternative complémentaire aux revues scientifiques.
ReveGeneral.org rouvre ses portes.
ReveGeneral.org constitue une utopie concrète, en acte : un projet dia-logique utopique qui se réalise, tout en sachant que sa fin est un horizon in-fini. Ce projet de recherches participatives en philosophie, sciences humaines et sociales, vise à développer de manière contributive un savoir, certes situé, mais revendiquant quelque pertinence et se voulant socialement efficient - qui puisse articuler une critique sociale. Qu'on se le dise : ReveGeneral est une imposture - le rêve qu'il promeut ne peut s'établir qu'à partir de l'écran de fumée du cauchemar collectif dans lequel toujours-déjà nous nous inscrivons. ReveGeneral est de-même un rêve et un cauchemar, possède un endroit et un envers, que la dimension délibérative des travaux menés en ces lieux devra permettre, dans une certaine mesure, d'élucider. Mais c'est avant tout, pour reprendre le mot de Lacan, une imposture qui tombe juste.
C'est alors en un double sens qu'il faut entendre le nom du Cercle ReveGeneral.org : à la fois désignant un cercle d'études regroupant des personnes désireuses de participer à ce rêve d'une réappropriation collective de l'Institution imaginaire de la société qu'il entend porter ; mais encore évoquant la circularité que Fichte nous invite à assumer entre le Moi et le Non-Moi, et qui, chez Bergson, traduit encore le mouvement de la pensée du philosophe tournant autour d'une intuition jamais pleinement élucidée - renvoyant à ce que Lacan, à la suite de Heidegger, caractérisera comme perte originaire ou dit-vision essentielle de l'Être. ReveGeneral entend assumer ce coeur de manque fondateur, sa situation culturelle et historique - le lieu de son énonciation - et l'insu dont procède son discours. Aussi explore-t-il des voies diverses et procède-t-il largement par petites touches, tournant autour, sans jamais la saisir, de cette idée fuyante, courant après son rêve et, ce faisant, produisant du rêve - puisque au fond, c'est toujours de cela dont il s'agit.
Le pro-jet ReveGeneral.0rg a été initié en 2007 par votre serviteur, LHG. Plus largement, il s'inscrit - forcément - dans le prolongement du tournant linguistique de la Philosophie, de l'herméneutique critique, et dans une perspective largement lacano-marxienne, visant à participer à la production d'une compréhension contemporaine, dialogique, de la question ontologique, de celle de l'Homme - c'est à dire au fond toujours la thématique de l'eksistence, en tant qu'elle se déploie dans les dimensions historiale, linguistique et sociale : communicationnelle ou dialogique. Ces problématiques, largement éthiques et qui ne peuvent se penser indépendamment les unes des autres, si d'une indignation ou d'un étonnement premiers, d'une op-position motrice, elles doivent passer par un questionnement d'ordre épistémique, se prolongent dans le champ politique et ne sauraient être appréhendées autrement que comme un appel à l'action.
ReveGeneral.org vous donne l'opportunité de réagir à ces travaux, et si le coeur vous en dit de participer à leur développement, en menant des débats sur nos forums que nous pourrons prolonger par la rédaction collaborative du wiki. Ces sections sont ouvertes à tous les membres du Cercle ReveGeneral.org, dont les inscriptions sont libres et accessibles via un simple formulaire d'enregistrement que vous trouverez sur le site.
Le Cercle ReveGeneral.org propose à ses membres d'héberger leurs blogs, et dispose de son propre réseau pour favoriser les échanges que nous espérons prolifiques et permettre l'expression d'une parole autonome, ouverte et critique.
ReveGeneral.org prend acte des déconstructions contemporaines du sujet de la Modernité, mais ne saurait se résoudre à l'aporie d'une dissolution de toute subjectivité. Nous n'ignorons pas qu'énoncer comme une proposition absolue que "tout est relatif" est au mieux un paradoxe, au pire une contradiction ruinant toute possibilité d'une pensée philosophique. La Philosophie se serait-elle achevée au siècle dernier ? Nous ne le pensons pas. Pour autant, nous ne saurions ignorer que la possibilité d'un fondement absolu du savoir comme des normes qu'il sous-tend s'est définitivement absentée - que l'on cherche ce fondement dans l'intériorité de la conscience ou dans une hypothétique chose en soi formelle ou substantielle. C'est précisément sur ce fondement d'AbSens ontologique, sur l'ek-sistence en tant que se structurant d'une re-présentation sous-tenue du retrait de la chose, elle est fondamentalement inadéquation de l'Être avec l'Être et ouvre infiniment à l'autre ce sujet pro-jectif - qui se devance de son ek-sistence - insu-jet agissant des interdépendances dont l'identité ne peut être vécue que comme un chemin d'exil, que nous entendons faire reposer cette philosophie que nous pensons comme une Dia/logique - suivant en cela la voie tracée par les critiques de Descartes, de Kant et de Hegel, de Fichte à Honneth en passant par Heidegger, Marx, Gadamer, Habermas, Ricoeur ou encore Lacan. Le point commun de ces auteurs est leur approche, dont nous tentons en la posant comme telle d'ébaucher une synthèse, dialectique ou dialogique (structuralo-dialectique) de la question de l'ek-sistence - parfois, et même souvent insue. Question qui est, nous le savons, autant épistémologique qu'ontologique, anthropologique, éthique, politique - est-éthique.
Puisque il nous faut assumer le moment cartésien du vide, du doute méthodologique radical, c'est à dire de la perte ou de la destitution des préjugés, et parce que l'on ne pense jamais qu'en langue de telle manière que l'on puisse poser comme telle une réflexion, nous posons le cogito dialogique : "Je parle, donc nous sommes ; nous parlons, donc je suis". Cet axiome que nous posons ainsi du langage en langue au sujet du langage, donc de manière forcé-ment problématique, ouvre à une appréhension com-préhensive de l'être-humain qui assume comme question centrale celle que pose le "Connais-toi toi-même" socratique, et la saisit dans sa dimension structuralement dialogique : car cette clef, qui n'ouvre que sur la vacance du sens comme place à prendre, c'est toujours l'Autre qui la détient - le sens que je donne à l'Être en l'objectivant de ma sub-jectivité m'est toujours passé par l'Autre. Il n'est par conséquent d'Auto-Nomie, pour ce sujet dont la liberté se tient d'une appropriation nécessairement authentique et forcément manquée de son inauthenticité ou de sa facticité existentielle, de ses déterminismes ou de l'assomption de son engagement ontologico-existential, qu'à comprendre cette dernière comme fait social - acte communicationnel.
Une telle pensée ne peut que nous amener à nous élever vigoureusement contre les idéologies mortifères de la clôture, tout autant que contre l'individualisme idiot, ignorant de l'engagement ontologico-existential de tout sujet - en d'autres termes des déterminismes multiples du sujet concret et de la dimension dialogique de la Raison humaine en tant que jamais elle ne saurait se réduire à un simple calcul absolument volontaire et radicalement transparent d'intérêts strictement économiques. De-même nous élevons-nous contre la prétendue "fin de l'Histoire" qui, entre renoncement, pessimisme cynique et essentialisation du discours de l'Epoque, identifierait la démocratie parlementaire à son principe, le Marché Global à la Démocratie pure et parfaite, ou à défaut les considérerait comme un mal "minimal" et "nécessaire", confondant l'irréductibilité de la représentation avec son immuabilité, identifiant l'inaliénabilité de l'aliénation à sa pré-tendue irréductibilité - quand elle nous invite, au contraire, à nous réaliser comme la tâche infinie de sa réduction - et ignorant que toute pensée possède son envers, un impensé qui la fait tenir, que toute politique aussi émancipatrice soit-elle produira toujours de l'exclusion comme un appel à son dé-passe.ment.
Aucune pensée en effet ne pousse "hors-sol" : toujours elle se développe sur un terreau culturel fertile, dont Marx a bien montré en quoi il est économiquement déterminé - l'impensé marxiste1 étant ici précisément l'occultation de ce que l'économie est elle-même idéologiquement déterminée, la codétermination étant toujours réciproque.
La pensée qui produit de l'émancipation en critiquant l'idéologie de son époque est la même qui percevant du point de vue de l'autre du discours dominant les dénis de Reconnaissance que celui-ci-ci produit ne voit pas que de ce même point de vue elle ne reconnait pas son propre Autre. C'est ainsi que le discours de l'Université succède à celui du maître et que l'Universalisme humaniste et l'individualisme libéral produits par les Lumières de la Raison comme une déconstruction de l'obscurantisme absolutiste et dogmatique ont fini par montrer leur envers et produire, à leur tour, de l'exclusion. Non que cette exclusion soit accidentelle : elle procède de ce que ces pensées ancrées dans une époque qu'elles critiquaient ne pouvaient saisir ce que cette époque ne leur permettait pas encore de penser, dans le cadre praxéo-idéologique ou théorico-pratique, socio-épistémo-ontologico-anthropologique - l'épistémè - et les structures sociales que certes elles critiquaient mais auxquels elles étaient du même coup aussi redevables. L'on ne pose jamais un discours qu'en l'op-posant à un discours qui le fonde comme tel - la chouette de Minerve s'envole au crépuscule dit Hegel : l'on ne s'arrache jamais à l'épistémè de son époque. Tout au plus une distanciation critique est-elle possible, et elle ne l'est que sur le fondement de l'assomption de cet ancrage, du lieu de son énonciation ; d'une ouverture à l'autre, et donc toujours aussi déjà sur le fond d'une aliénation originaire et inaliénable qu'il s'agit d'assumer - sans quoi nous ne saurions la distancier. Cela doit pour nous signifier que la déconstruction, qui doit partir de cette fadaise du "vrai Moi", la critique dia-logique comme tâche d'autant plus mutuelle qu'elle se sous-tient de l'impossibilité d'une réciprocité, c'est à dire la réalisation pro-jective de soi, sociale et possédant alors une dimension éminemment politique, constitue pour le sujet de l'Autre et son autre, bel et bien, et avant tout, une tâche in-finie.
Toute pensée, aussi généreuse soit-elle, contiendra toujours un impensé fondateur, quelque préjugé qui la sous-tient, c'est à dire sans lequel elle ne tiendrait pas. Cet impensé lorsqu'il se heurte aux vécus particuliers des hommes et des femmes engagés dans des situations de vie concrète ne peut que leur faire violence : toujours quelque chose échappe aux concepts de la Raison compréhensive, leur résiste - et lorsque la Raison tente de résister à cette résistance, elle le fait en déniant les particularismes qui contestent sa prétention universalisante. C'est à dire qu'elle fonde sa résistance sur le déni de Reconnaissance de l'autre en tant qu'autre, ce qui se re-présente de son altérité essentielle ou constitutive dans la rencontre, d'une un-carnation de l'Autre, qui comme tel lui fait encontre : en tant que, insu-jet réel engagé dans des communautés d'appartenances concrètes et des déterminismes aussi divers que particuliers, il ne peut jamais se tenir dans son concept. C'est ainsi que l'époque contemporaine, radicalisant le discours de la Modernité, entend saisir la totalité de l'eksistence humaine par sa réduction à son concept tel qu'elle l'énonce comme homo-oeconomicus, "individu" absolument autonome, d'une autonomie a-priori (innée), transparent à lui-même comme à l'autre, à sa science, "soi-disant" su-jet radicalement rationnel d'une Raison strictement (financièrement) intéressé - in-dividuum, c'est à dire un dit vide en vertu duquel est proclamé anormal un vécu, dénoncée comme "déviante" une pratique telle que le refus de participer à la grand-messe consumériste, qu'un acte aussi banal que le don désintéressé, le don de soi solidaire ou le don d'amour, tout ce qui en général ressort de la logique de la vie pulsionnelle avec ses déviances, ses écarts, ses excès, ses faiblesses : ce qui échappe à l'économie comme science, ne se réduisant jamais à la seule rationalité économique. Une telle conception, c'est à dire ce qui se structure d'idéologie et fait s(tr)u(c)ture du $ocial autour de l'axiome individualiste, fait par principe reposer sur le sujet le poids de sa situation, de ses déterminismes déniés comme tels au nom du concept abstrait de sa volonté pure, lui imputant ses faiblesses, reprochant à sa volonté de ne pas se trouver où l'on l'attend alors même qu'en sont niées les conditions de possibilité, sociales, économiques, historiques, linguistiques ou symboliques... le rendant ainsi responsable de son irrresponsabilité - c'est à dire, de son hétéro-nomie - en déniant la responsabilité collective. Car c'est bien cette responsabilité collective de la production de l'Autonomie comme rapport social ou communicationnel qui est ainsi insue, à laquelle résiste comme un tout la Structure de l'idéologie et de l'économie libérale. L'individu y apparaît comme ce par quoi se dé-nie Insu/jet qui ne se tient que de sa négation - c'est à dire que refusant de s'y manquer il manque de s'échapper.
Un tel discours se structure ainsi largement d'une injonction contradictoire à agir en sujet responsable et à s'abstraire des conditions de possibilité d'une responsabilité authentiquement prise de soi - qu'Insu/jet puisse s'instituer dans la relation à l'autrui comme auto-nome, d'une autonomie dialogique, sociale, c'est à dire qu'il puisse y avoir un sujet moral qui puisse assumer, com-prendre c'est à dire prendre pour lui la responsabilité de ses actes.
Double déni, alors, que celui des moyens de l'Autonomie et donc de la responsabilité morale et civique d'Insujet, et de la responsabilité de la Société dans l'échec de son institution nécessairement sociale, collective, politique - communicationnelle. Double déni, comme tout déni, qui dénie du même coup les moyens de l'Autonomie subjective et la nécessité de ces moyens - l'Autonomie étant considérée comme un donné inné, ou à tout le moins donnée avec la majorité civile, et inaliénable à l'individu, lequel fait symptôme d'un sujet toujours absent et dont le manque se manque.
S'occulte alors de la forme vide du principe d'Autonomie sa nécessaire inscription dans les particularités contingentes du sensible, les déterminations matérielles de la vie concrète. La revendication, en tout temps et en tout lieu d'une autonomie radicale et abstraite fait symptôme pour le manque d'Autonomie concrète, laquelle comme tâche communicationnelle, styructure existentiale ou forme historiale et sociale - dialogique - demeure insue, s'occultant de sa dimension aposteriorique - acquise. L'Autonomie comme appropriation de ses engagements se confond avec le désengagement radical, avec son concept dégagé des particularités de la vie concrète, qui comme tel, conformément à la moralité kantienne, n'engagerait qu'au seul Respect (du principe de l'Autonomie prédonnée), passif et désengagé, là ou une Solidarité active et engagée est nécessaire à la construction d'une subjectivité réelle ou d'une Autonomie concrète, dialogiquement construite.
Un tel déni alors ne peut, en le réduisant à son concept, que comprendre inauthentiquement, méconnaissant sa facticité essentielle, qu'il soit un moins que rien produit d'une double négation ne se satisfaisant jamais de sa dé-négation, le sujet maintenu dans une condition hétéronome sous le statut d'un sous-homme - ce qui échappe à l'Humanisme - manquant à son concept d'Homme irreconnu comme devoir ou tâche pour soi-même : exclu alors de l'humanité autoproclamée, qui ne méritant pas la pleine propriété de soi - puisqu'il échoue à la constituer - n'est bon qu'à vendre sa force de travail au plus offrant, ne possédant rien d'autre qu'elle puisque tout ce qui y fait sujet en a été abstrait.
Qu'il soit un "moins que rien", ce-là signifie pour insu/jet qu'il n'est jamais réductible à une chose ni plus qu'à rien, mais toujours a à advenir sur le fond de son absens - le sujet, c'est ce qui se manque. 0r, c'est bien ce-là qui s'échoue dans la dé-négation du sujet réifié de l'économie marchande prétendant tout évaluer : qu'Insu/jet est sans valeur - inévaluable, c'est à dire incommensurable. Insu/jet n'a pas de valeur, car il est ce par quoi toute chose prend sa valeur, celui qui se dé-termine de son ouverture en tant que celle-ci est celle du monde ; celui qui se détermine de (co)déterminer son eksistence, d'assigner leur sens, leur signification ou direction aux étants qui lui font encontre dans la quotidienneté vécue du temps partagé. Finitude in-finie, c'est à dire tâche sans fin sinon celle d'assumer son inachèvement, celui qui s'achève de son mourir, de l'inachèvement, Insujet se dé-finit ou se dé-termine de ce que déterminé par le monde et par l'autre - par l'Autre - il les détermine en retour. Toute prétention à lui assigner quelque valeur déjà le réduit ad objectum et le perd : en défaut vis à vis de lui-même, toujours il s'excède, se dé-passe ou se pro-jette ; autrement dit, sa valeur est nécessairement in-finie. C'est dire que l'inégalité des êtres sous-tient leur équi-valence, de sorte que s'observe une égalité des sujets face à la différence qui proscrive l'indifférence face aux inégalités.
C'est bien alors ainsi que doit se comprendre le déni de Reconnaissance dont parle Honneth : comme la nullation du sujet dans sa dé-négation ; déni d'insujet lui-même en tant que sujet réel et forcément manqué comme tel, engagé dans des appartenances concrètes et situations qui nous engagent nous aussi à soutenir sa subjectivité - comme la nôtre, précaire, et dont la précarité cultivée fonde la liberté des plus puissants en même temps qu'elle fait pour eux, pour tous obstacle à la possibilité dialogique d'une Autonomie véritable. La quelle doit s'y com-prendre plus authentiquement comme forme communicationnelle, c'est à dire existentiale, cette reliance (Morin) ou ce "rapport" dialogique, spécifique par lequel des sujets s'instituent tels en communicant.
Un tel déni de l'autre en tant qu'autre-sujet-manqué, en effet, doit se comprendre ou s'entendre, en ce qu'il y fait symptôme, s(tr)u(c)ture, du point de vue de la sub-jectivité qui l'opère comme un déni de son propre être-sujet-manqué. C'est à dire qu'il traduit une fuite devant la tâche qu'elle constitue pour elle-même : la tâche infinie - dialogique - pour celui que Heidegger nomme le projet-jeté [à l'eksistence] de s'assumer comme tel, sujet communicationnel, c'est à dire de se constituer authentiquement comme pro-jet - sujet. En d'autres termes, s'instituer dia-logiquement dans la relation à l'autre, ou plutôt que, dans la discussion, des sujets s'instituent mutuellement comme tels en se reconnaissant et se réfléchissant quant à leur manque, en assumant s'y perdre en l'Autre pour s'y re-trouver - que deux libertés se réfléchissant et se reconnaissant s'approprient comme telles en commun de manière critique. Le pro-jet, alors, c'est ce projet jeté qui a à être, qui se rend autonome par la com-préhension de son hétéronomie fondatrice, son altérité essentielle, en assumant l'autonomie de l'autre comme sa condition nécessaire - mais non suffisante - et son devoir, assumant comme sa responsabilité toujours à reprendre pour soi l'inaliénable solidarité de l'Humanité avec elle-même. Le sujet qui s'institue dia-logiquement de l'Autre, ce projet jeté qui de l'autre reçoit la possibilité qu'il saisit de son assomption, se constitue comme proprement auto-nome de la com-préhension de son être-pro-jectif : il s'agit pour lui de s'approprier sa jection, de pouvoir l'assumer, s'en rendre responsable en prenant pour lui les deux horizons de son origine et de sa fin - c'est à dire d'assumer ce que jamais l'identité du Moi ne peut se tenir en lui seul, assumer son manque fondateur comme une tâche dia-logique, son identité comme un exil qui le mène infiniment à la rencontre de l'autre. En somme, faire sienne, proprement com-prendre, la définition sartrienne de la liberté : "faire ce que l'on veut de ce que l'autre a fait de nous". En d'autres termes, l'Autonomie est bien, plus qu'un donné, une tâche infinie que l'on constitue pour soi-même et qui ne peut se mener qu'en commun, dans la conversion appropriante du rapport de domination en discussion, visant sans évidemment toutefois jamais l'atteindre l'idéal que constitue pour la reliance (Morin) la com-préhension authentique, réflexive de son concept comme Communiquer, se réalisant comme Dia-logique, dans le Social, l'Histoire et lalangue - l'Autre.
Un tel dépassement de soi ne peut se faire en effet que sur le fond de l'assomption de son fondement d'altérité : ce que l'Autre est toujours déjà à la fois cause de mon assujetissement au $ocial, fondement de ma sub-jectivité dialogique et condition nécessaire d'un dépassement critique, appropriant, de mes déterminismes inconscients, moraux, idéologiques... C'est ce que doit pour nous signifier l'Angoisse de Castration, qui s'éprouve chez Sartre comme une nausée et qui n'est autre que l'Appel relayé par l'autrui de l'Epoché : le surgissement de l'AbSens au fondement de l'eksistence que trahit l'inappropriation de l'ob-jet, le sentiment de l'inadéquation essentielle de l'Être avec lui-même que traduit le manque de la chose attendue sous le mot, l'in-adéquation de Soi, de Soi avec Moi, d'une in-appropriation originaire qu'il s'agit d'assumer comme condition existentiale d'une appropriation dialogique de soi, c'est à dire d'une autonomie constituant, plus qu'un donné, une visée, une tâche infinie, un acte communicationnel à réitérer, renouveler à chaque instant, en assumant son identité et sa liberté comme s'édifiant sur la dit-vision prise pour soi du sujet - insu-jet que Lacan barre d'une coupure qui fait $ujet. De ce que s'y noue dans l'épiphanie de l'Autre en tant que s'y dé-voile l'impossibilité d'une Révélation, il s'agit d'assumer comme une tâche projective l'impossibilité d'une identité subjective formelle ou subtantielle : ce que le sujet ne se réalise lui-même jamais que comme tâche dialogique, sur le fond d'une aliénation originaire, d'une AbSens de fondement pour celui qui est jeté à l'eksistence sans origine ni fin autre que celle qu'il a assumer comme la tâche est-éthique qu'il constitue toujours-déjà pour lui-même et pour l'Autre. En d'autres termes, s'approprier, ce n'est pas tant atteindre un terme que le repousser - pas tant atteindre un point où le sujet serait réalisé ou entièrement déconstruit, mais assumer l'autonomie subjective comme effort dialogique de réalisation critique infinie de son être-communicationnel. Assumer, alors, la perte existentiale, le manque de Soi reconnu comme manque de l'Autre, comme AbSens de fondement de l'Être qui le dé-voile comme ontologiquement ouvert à son autrui, lui révèle que s'il doit se chercher, c'est pour toujours s'y manquer en se trouvant en l'Autre. Qui, enfin, rappelle à elle-même ce que la liberté procède d'une identité-exil sise en l'Autre, et doit pour pouvoir se réaliser faire l'épreuve de la Castration symbolique, le deuil de sa toute-puissance, du désir incestueux d'autosuffisance, d'autofondation, de complétude et d'adéquation - le fantasme d'une liberté absolue dont le désir serait Loi, la parole vérité, le mot s'identifiant illusoirement à la chose.
Mais le Moi est tenace, en particulier lorsqu'il s'est rigidifié sous la pression conjointe et contradictoire de la fuite en lui-même et de l'aliénation à la norme sociale : le Surmoi, la représentation devenue idole que la liberté se donne d'elle-même et avec laquelle elle se con-fond. Que Ça parle sous la censure du Surmoi, en effet, implique que c'est toujours-déjà en Moi l'Autre qui parle, d'une parole toujours prise dans un entrelacement de ditscourts qu'à la fois elle reproduit et peut, en assumant ensemble son engagement ontologico-existential et sa position d'altérité, critiquer. Parole venue de l'Autre et réfléchie en lui, qui alors peut et a à s'approprier dia-logiquement comme Auto-nomos. Le refus, par cet être dont Heidegger nous dit qu'il est essentiellement être-là(-avec) - ne pouvant être que là où il se trouve, et dont ce là est dès-lors constitutif - refus qui se joue sous les modalités du refoulement, de la forclusion ou, majoritairement à l'époque contemporaine, du déni de l'Autre, déni de cette tâche dialogique que toujours-déjà la subjectivité prise dans l'intersubjectivité factitielle, ob-jectivée, constitue pour elle-même, c'est à dire de son ouverture essentielle à l'Autre qui la rend envers lui redevable, est alors la dénégation répétée, prise dans le cercle mortifère du même, faute de s'ouvrir à son Autre, de la béance qui gît en son coeur, ce fondement de néant essentiel à l'Être : la perte toujours déjà là de soi qu'il s'agit d'assumer comme besoin de l'Autre. En somme, la dé-négation du sujet vaut dénégation d'Insu/jet - c'est à dire : la nullation de la personne qui s'y peut pro-dire au lieu de l'Autre, là où Ca fait sujet. Qu'Il n'y est personne.
Le Déni opère ainsi comme un moyen pour la volonté narcissique de se défendre d'une altérité qui lui est constitutive mais est vécue, non authentiquement comme à la fois aliénante et appropriante, mais seulement sous la modalité facticielle, amputée, de la menace, comme une agression - disposition particulièrement cultivée par la société devenue Marché concurrentiel. Cette fermeture défensive à l'Autre, se privant de la possibilité de se dé-passer, s'établit sous la modalité de la répétition du même, c'est à dire de l'échec d'une répétition différante comme réinstitution dialogique de soi, en reproduisant les schémas intériorisés, et particulièrement à l'époque de la Père-version globalisée, qui répond au temps de la Névrose que décrivait Freud, comme déni de l'attention à l'autre - et finalement déni de l'autre lui-même en tant que tel : en tant que la con-science ne le com-prend jamais qu'inauthentiquement, en l'y manquant, le ramenant à son concept en déniant ce qu'il ne peut s'y tenir, en déniant que ma compréhension lui fasse violence en ce qu'elle reproduit des rapports de domination. Com-prendre l'autre, en effet, c'est à dire le ramener à moi, c'est toujours déjà faire violence à son altérité, ce qui ne peut qu'échapper à une telle opération de réduction. La conscience amputée qui rejetant ou se privant de son altérité essentielle se clôt ainsi illusoirement sur elle-même - puisque alors elle s'enferme dans la répétition aveugle de ses déterminismes - dénie la Reconnaissance de l'Autre et la Solidarité irréductible de l'Humanité, l'attention à laquelle nous engage la nécessité d'une conversion appropriante de la liberté en puissance à l'Autonomie en acte. Il s'agit ni plus ni moins, pour la liberté formellement libre, que d'assumer devoir se réaliser concrètement, authentiquement comme Auto-Nomos dialogique, appropriation dialectique de soi à laquelle la confrontation à l'Autre est nécessaire, et donc comme volonté se devant à l'Autre
Assumer son fondement de manque, de perte essentielle de l'Être, de l'illusion originaire de plénitude, c'est à dire l'AbSens de son origine, signifie pour la liberté, qui de prime abord et depuis toujours se fantasme comme puissance infinie, qu'il lui faut, en acceptant de se limiter, se réaliser authentiquement, dialogiquement, comme Autonomie, c'est à dire appropriation en commun de soi. La liberté en puissance qui se veut absolue, entrant nécessairement en concurrence avec celle de l'autrui, doit se faire puissance en-prise sur l'autre, c'est à dire pouvoir, domination ou destruction : finalement, suicide, la nullation du sujet ou sa dé-négation, le déni de sa négation instituante par l'autre. C'est, bien sûr, au sens hégélien qu'il faut entendre une telle négation positive : négation synthétique ou Aufhebung - dé-passement - de la négativité essentielle d'Insujet toujours en défaut d'être vis à vis de lui-même, qui ne constituant pas le retour à quelque état antérieur introuvable puisse le prod(u)ire comme positivité agissante.
Qu'il n'y ait de sujet que de l'Autre, cela doit se comprendre ainsi : qu'Insujet se doit nécessairement à l'autre - il s'institue de l'Autre en (se) passant par l'autrui, cest à dire que la liberté qui m'est échue doit nécessairement pour être par soi appropriée m'être passée par l'autre. Autrement dit : que la réalisation d'une subjectivité autonome, c'est à dire responsable d'elle-même, le dépassement critique du Moi instituant le sujet responsable ou moral et non seulement juridique - donc manqué - se fasse sous la forme dialogique d'une institution en commun de l'Autonomie, c'est à dire que des sujets se fassent tels en communiquant, se rendant chaque-un responsable de la liberté de l'autre, cela doit signifier que l'Autonomie d'autrui est nécessaire à la mienne : que la réalisation authentique de l'être-humain comme sujet autonome, et dont l'Autonomie est sociale, implique non seulement la Reconnaissance juridique, ce Respect passif et désengagé qui sied à l'individu formellement libre a priori - ce sujet amputé de son altérité essentielle et ses interdépendances constitutives - mais encore engage à une Solidarité active et engagée, à une attention à l'autre en tant que celui-ci participe nécessairement à la possibilité pour moi d'agir librement. Un tel besoin de l'autre au fondement de la possibilité d'avoir des intérêts qui puissent être assumés comme étant les miens est alors, par définition, quelque chose de plus originaire que l'intérêt économique. En d'autres terme, pour l'être-$ocial qu'est l'Homme, qui ne peut se désengager de son eksistence toujours déjà $ociale, de sa $ituation "en temps" qu'elle fait $ujet, l'Autonomie comme capacité de distanciation implique un devoir d'engagement, et d'assumer cet engagement envers autrui, que rend visible l'assomption de ses engagements ontologico-existentiaux toujours-déjà-là - laquelle en retour est favorisée par l'appropriation critique de la constitution communicationnelle et réflexive, dans la discussion, du sujet comme Dia-logique - en vérité c'est tout un. Il y a ainsi un cercle vertueux de l'éthique, de l'échange dialogique, de la justice sociale et du débat démocratique, qui fait pendant au cercle vicieux du déni de Reconnaissance (Honneth).
Une subjectivité pratiquant le déni de l'Autre, d'abord revendiqué comme désengagement et devenu, sous le nom d'indifférence (mais qu'il faut reconnaître comme un symptôme de la Père-version), la forme sociale ou communicationnelle, la structure de l'être-au-monde et de l'être-avec quotidiens de la société néolibérale, croit réaliser, comme en atteste le développement des conduites addictives, sa liberté en cédant à toutes ses pulsions, c'est à dire à ses déterminismes en particulier sociaux, et donc sous les modalités de la Reproduction du Capital, figure surmoïque2 - le signifiant du fameux Phallus, c'est à dire le signifiant du signifiant d'un manque manqué dans la figure du plein : l'idole que se donne d'elle-même à elle-même la liberté fantasmée dans le déni de son manque, c'est à dire celui de ce qu'elle constitue pour elle-même une tâche dialogique, In$ujet - dont la Marchandise est le fétiche contemporain. Se privant, en instituant au lieu de l'Autre le fétiche qui conjure le fondement de manque ou d'altérité de la liberté ou de la volonté subjective, dans la structure du fantasme telle qu'elle ordonne la vie quotidienne, de la possibilité de se remettre dialogiquement en question, elle ne rationalise que les moyens de cette fuite en avant cultivée par la morale économiste de ce Surmoi mandevillien, et instrumentalise à cette fin non rationalisée (proprement irrationnelle), délirante, inappropriée - c'est à dire à cette fin qu'elle ne parvient pas à constituer comme sa subjectivité autonome - l'autre qui lui fait encontre, sans reconnaître en lui, en tant qu'il est d'abord fin en soi, aussi le moyen nécessaire, par le dialogue qu'il me permet de nouer avec lui, d'une déconstruction critique et appropriante de soi, d'une rationalisation des fins, de cette fin que toujours le sujet constitue à lui-même. 0u plutôt, comme être-jeté-là, jeté à l'eksistence primairement sans fin ni origine, sans fondement autre que celui qu'il s'appelle à travers autrui à se donner de par sa structure existentiale - historiale et communicationnelle - comme telle (dialogique), ayant à s'instituer comme pro-jet, est-il lui-même à lui-même cette tâche pour lui-même, tâche infinie d'une institution en commun toujours à renouveler, à répéter dans un mouvement de différance in-fini, assumée comme dialogique, de soi comme fin en soi ; c'est à dire qu'il est une fin à assumer, en assumant son Autre comme tel, comme visée projective - ce qui le caractérise ou le constitue précisément comme sujet. Le fétiche, la marchandise comme fétiche, c'est bien en effet ce qui vient facticement boucher le trou, suturer la béance de l'être, le manque de soi qui est toujours manque de l'Autre en tant que la fin que constitue à lui-même le sujet (se) pro-cède de la reconnaissance de l'autre comme fin en soi. Ainsi, si le fascisme est le lieutant de l'effacement du sujet, le capitalisme réifiant en est le tenant-lieu, en tant que son discours constitue la dénégation de l'autrui comme condition du dialogue instituant la subjectivité autonome.
Un tel dialogue, réalisation authentique de la structure ontologico-existentiale, communicationnelle, historiale et linguistique : dialogique, de l'être-humain, est idéalement rendu possible dès-lors que deux sujets s'engagent réciproquement à soutenir leur Autonomie discursive et à produire ainsi les conditions de possibilité, d'élargissement ou d'approfondissement d'une sphère dialogique, éthique, communicationnelle ou de Reconnaissance, d'une communauté morale, complément nécessaire d'une communauté juridique et politique.
Le déni d'altérité apparaît ainsi comme toujours accomplissant un déni plus originaire de soi inavoué, un renoncement à sa constitution dialogique qui croit échapper à l'Autre en se dissolvant dans ses propres déterminismes, se conformant à la structure du 0n. Déni de la Castration symbolique, c'est à dire déni de sa propre altérité constitutive par lequel le Soi abdique sa souveraineté par une contradiction performative : instrumentalisant l'autre et refusant d'être par lui instrumentalisé3, déniant sa Reconnaissance comme sujet de droit universel et sujet particulier concret qui s'y manque, il nie la condition même de sa propre autonomie qui est la reconnaissance de l'Autre comme fin en soi, c'est à dire aussi comme son ratage - exigeant son soutien. Ce faisant, il nie la possibilité même de faire ce choix en conscience : se refusant à agir en sujet moral, à se rendre responsable de lui-même, c'est à dire de son agir communicationnel essentiel ou constitutif, il se prive de la possibilité d'agir en sujet autonome. Dès-lors, la subjectivité ou la personnalité ne peut que s'effondrer ou renoncer à se constituer, cède à la dynamique conflictuelle de ses pulsions, oscillant entre les déterminations inconscientes du Ça (l'altérité passivement intériorisée, ce Non-Moi que l'on ne parvient pas à distancier, c'est à dire à tenir dans un écart appropriant entre la fusion aliénante et la séparation délirante) et les injonctions et interdits du Surmoi (ce Moi dégénéré et tyrannique qui se méconnaît comme autre) sans jamais pouvoir assumer d'édicter synthétiquement sa norme souveraine : instituer dialogiquement sa parole, au delà de l'effet du Signifiant que toujours elle est, comme son Auto-Nomos - c'est à dire assumer de parler de sa propre parole au lieu de l'Autre, assumer ce produit du discours que toujours on est comme constituant sa propre parole, s'instituant comme telle. Incapable, alors, de s'instituer comme volonté unifiée - non l'élimination de la dit-vision mais sa résolution synthétique, dialectico-linguistique, c'est à dire dia-logique, comme subjectivité ou projectivité qui l'assume - la subjectivité qui échoue ou renonce à se constituer comme telle et ne le fait ni sous le mode du refoulement névrotique ni sous celui de la forclusion psychotique s'installera dans la Père-version, structure dominant la société postmoderne comme la névrose structurait la modernité tardive : le déni de l'Autre comme autre-sujet, condition de l'Autonomie du Soi à l'égard du Surmoi individuel et collectif. C'est à dire que passe par le refus de se faire le moyen de l'Autre et celui de le reconnaître comme fin en soi qui se manque, le déni de soi comme tâche dialogique de constituer sa propre fin, son autonomie dialogique, refus qui fait du Moi l'outil de la Reproduction du 0n, du "on-même" (Heidegger) facticement unanime car anonyme : déni par le Moi de la tâche dialogique infinie d'appropriation en commun ou de réalisation de Soi, que tout Parlêtre constitue toujours pour lui-même et pour l'autre - car pour l'Autre.
Un tel déni, enfin, doit se comprendre du point de vue de la subjectivité qui le subit, comme constituant toujours un déni de son droit (comme dans le système totalitaire), de sa capacité (holisme communiste), et/ou de ses difficultés (individualisme libéral) - nous engageant à un soutien actif - à parler de sa voix propre, de sa dit-vision essentielle - contrepartie, à la fois reflet, écho, cause et effet4 de celle du Social que du même coup, horreur ! Elle révélerait5 - pour légitimement contester ce déni de Reconnaissance dont elle fait l'objet et qui structure tout autant son identité (inter)subjectivement vécue et socialement construite, que son eksistence sociale et, au delà, l'ensemble du $ocius - c'est à dire à eksprimer une parole engagée contre son temps, dont elle constitue proprement l'envers. Ce qui s'y fait jour, en effet, c'est le déni de la parole de l'autre du discours en tant que celle-ci en conteste les catégories inclusives – ouvrant une sphère de reconnaissance – en leur envers exclusif : ce qu'elles closent nécessairement et d'un même mouvement la sphère qu'elles ne peuvent produire qu'à la circonscrire.
Toujours l'esclave travaille pour le compte du maître, d'un travail qui fonde la possibilité d'une sphère d'échanges dont le travailleur lui-même est exclu. De cette sphère de Reconnaissance des maîtres entre eux en effet, communauté morale ou de discussion, institutionnalisée comme sphère juridique, économique et politique, présupposant un ensemble de normes, celui-là même qui produit les biens échangés, la faisant tenir en un tout cohérent, ne peut qu'être exclu, soit que la communauté s'édifie sur l'op-position à un ennemi commun (idéologies de la clôture, Kriegsideologie), soit que son universalisme l'exclue de ses catégories, le principe de sa Reconnaissance comme sujet moral étant lui-même insu, demeurant à découvrir, puis à accepter, à assumer - à com-prendre. Ainsi, l'impératif catégorique de Respect, central dans l'idéologie libérale - qui pour autant le comprend bien mal - et dont le déni de Solidarité constitue l'envers, ne peut qu'exclure de la sphère morale qu'il prétend structurer à lui tout seul celui qui aurait besoin, au delà d'une simple reconnaissance formelle ou juridique, d'un soutien pratique, psychologique, affectif, économique, éducatif, social... Le formalisme ou le procéduralisme libéral, qui incluant le concept abstrait de tout sujet, cette personne qui n'est personne, dans une communauté juridique, exclut le sujet réel de sa représentation formelle, la fiction de l'individu désengagé, et donc de la sphère de Reconnaissance qui s'en structure, ne peut que dénier ce principe d'une Solidarité agissante, efficiente du point de vue de l'Autonomie subjective, sociale, au nom de sa démarche épistémique, tout à la fois enfermée dans le point de vue économiquement intéressé et clos sur lui-même de la communauté bourgeoise dominant le complexe idéologico-économique, et héritée d'un monde aujourd'hui largement disparu dont la contestation structura ladite communauté et son discours, celui dont elle se soutient en posant son autre, avant qu'elle n'institutionnalise le pouvoir effectif qu'elle avait pris sur lui au tournant de la Modernité. C'est dire qu'une telle exclusion est structurale : elle fonde la possibilité même d'une communauté morale, en principe sur un impensé essentiel, sur ce que la critique du discours précédent reconduit de ses préjugés, de son insu dans le discours qui s'en (re)produit, et en fait sur l'institution d'un rapport historiquement situé de domination.
Il faut ainsi qu'une limite vienne circonscrire une sphère pour que celle-ci existe. Mais c'est aussi de cette exclusion que procède la possibilité d'un regard extérieur, critique, d'une pensée du dehors ou des interstices qui permette, en mettant au jour les dénis de reconnaissance vécus, les dévoilant pour son unité facticielle comme symptômes de la dit-vision constitutive du social, à la sphère communicationnelle de se reconnaître comme une réalisation inachevée du Dia-logos qu'est l'Homme comme tel, considéré du point de vue de la Raison historique. C'est donc de la confrontation du discours à son Autre, des luttes sociales qui le somment de justifier les rapports qu'il institue, que se nourrit l'Histoire, la dialogique en tant que la discussion se découvre successivement comme réalisations imparfaites d'une visée communicationnelle au travers de rapports de forces, d'actes communicationnels dominateurs et soumis, pervers et névrotiques, voire psychotiques (ainsi du délire fanatique). Toujours, la Parole produit dialogiquement du discours contre le discours, construisant des-ordres en se déconstruisant réflexivement. L'Anarchie - à ne pas confondre avec quelque anomie, mais authentiquement comme forme politique de l'Autonomie - apparaît alors moins comme un état de faits historiquement réalisable que comme l'indispensable horizon de toute pratique politique. Ce terme d'Autonomie étant à entendre au sens kantien d'une synthèse, dont nous avons montré le caractère toujours inachevé, à produire, et ce qu'elle doit à l'Autre, de la Liberté de la volonté comme principe d'écriture ou de traduction symbolique du Réel et des déterminismes dans lesquels toujours celle-ci s'inscrit, ne pouvant jamais s'identifier à son concept pur, universel abstrait, mais étant toujours engagée dans la vie réelle, l'intra-mondanéité du sensible, un enchevêtrement de discours dit-visés, de situations particulières concrètes, de croyances, de préjugés et d'intérêts plus ou moins reconnus et assumés.
C'est pourquoi toute pensée se fondera toujours, la plupart du temps de manière insue, sur l'exclusion de son Autre - le prolétaire, le Juif, le pédé, la pute, le Musulman... Au fond toujours la figure du "nègre"6, de celui dont la parole dit-visée, lorsque, dé-passant la revendication communautariste première vers celle, universalisante, d'une plus grande inclusion et d'un élargissement de la sphère morale, juridique, économique, politique, sociale, elle dénonce ainsi non-exclusivement le déni de Reconnaissance dont elle fait l'expérience, mettant au jour en assumant la fonction d'opérateur de vérité historique la ditvision essentielle du Socius derrière son apparente unité, et l'appelant à sa resaisie, est alors condition nécessaire du dépassement sans lequel toujours l'Institution périt et, pour paraphraser Debord, pourrit.
R. Vienet, La Dialectique peut-elle casser des briques ?
ReveGeneral.org entend porter au plus loin la Critique. Critique théorique, qui parce que toute pensée est toujours engagée, pense à partir d'un engagement de son auteur dans un réseau d'interdépendances déterminantes, un Là culturel et historique, ne saurait se comprendre autrement qu'articulée à la Critique sociale qui la nourrit - comme les deux faces d'une même pièce.
Que l'on ne s'y trompe pas : nous ne sommes pas anti-universalistes ; nous considérons que l'universalisme aujourd'hui en crise ne peut se maintenir et maintenir ses apports que sur la base de son autocritique, en se nourrissant du particulier concret qui le nie et, chez Hegel, est la condition nécessaire du dépassement de l'universalisme abstrait - le droit - vers un universalisme concret : ce que nous reconnaissons comme constituant en propre l'éthique, et qui relevant toujours aussi d'une responsabilité collective, sociale, doit être articulé au droit, encadré juridiquement mais certes jamais dénié : le devoir de Solidarité d'Insu/jet envers toute personne que lui confère le principe de son Autonomie en tant qu'il est toujours manqué, et qui, sous le nom de Justice sociale, complément nécessaire de la Justice civile en tant que le sujet universel de droits civils est toujours aussi un sujet réel, inséré dans des rapports de domination et possédant des droits sociaux nécessaires à ce qu'il y ait Social, constitue encore l'une des fonctions les plus essentielles de la puissance publique - à la Réforme de laquelle il nous semble, du reste, urgent de s'atteler.
Ce qu'il faut retirer des situations particulières auxquelles le formalisme libéral et le Républicanisme abstrait font violence, c'est avant tout la possibilité qui s'ouvre d'une Aufhebung au sens hégélien, d'un dépassement critique sous la forme d'une synthèse qui les préserve en les niant, les englobant dans une pensée plus large et inclusive, contre le risque de leur effondrement sous la pression de leurs contradictions et du retour de l'idéologie mortifère de la clôture identitaire, laquelle se nourrit de leurs échecs et du ressentiment que provoque leur violence - violence économique, sociale, culturelle, identitaire, morale.
C'est l'opportunité que nous voulons saisir d'une refondation de la Res Publica sur la condition authentiquement et universellement partagée du sujet de l'Autre - qu'il n'y ait pour Insu/jet d'universel que sa singularité (unie-vers-celle de l'Autre) : sa structure dialogique, en tant qu'elle fait reposer la possibilité de l'Autonomie personnelle, ou dite "individuelle" - visée impossible ou in-finie du Politique - sur le principe de Solidarité, le devoir social et la responsabilité collective, l'essentielle ouverture du Moi à son altérité authentique ; enfin : le principe communicationnel, com-préhensif, de la discussion telle qu'elle présuppose les impératifs éthiques de Sincérité, Respect, de Solidarité, une nécessaire attention à la violence que toute compréhension fait toujours à celui qu'elle cherche à ramener à soi. Ce que d'aucuns nomment le Care.
Il s'agit, en somme, de prolonger cette révolution copernicienne dont le mouvement ne peut que demeurer éternellement inachevé – sous peine de réaliser, comme ont manqué de le faire les léninistes, le cauchemar hégélien : le triomphe du "soit-disant" Absolu. Si, en effet, l'universel doit nier le particulier pour rassembler l'humanité, il doit à son tour faire l'épreuve de sa négation par le particulier qu'il exclut ou aliène à son discours. Sans quoi ce qui s'en réalise n'est pas l'Esprit absolu fantasmé par Hegel, mais bien l'absolutisation ou l'essentialisation du discours qui actualise ou effectue, opère en un moment dialectique le Communiquer en le fixant dans des rapports de domination. C'est à dire : l'institution de la Totalité, le totalitarisme – ou son envers : le globalisme très contemporain. Les deux menaces de fin de l'Histoire, c'est à dire menaces de mort.
Contre ce fantasme de clôture, nous entendons participer à la fondation d'un nouvel universalisme, critique, débarassé de ses scories d'absolutisme, qui assume son fondement d'AbSens comme un devoir d'attention aux particularismes et aux fragilités de la singularité subjective dans sa diversité. Il ne s'agit évidemment pas de réitérer le voeu pieux, et à vrai dire dangereux, d'un monde sans violence - l'utopie considérée pour ce qu'elle est : un horizon, une visée infinie, au delà duquel s'achèverait l'eksistence en tant qu'elle se structure du Polemos - mais tâcher inlassablement de minimiser la violence, ce qui passe par un nécessaire rééquilibrage des rapports de forces, une réappropriation des communs et une éducation à l'Autonomie - et donc à la coopération. Dépasser, alors, la querelle du Réformisme et de l'Insurrectionnalisme en repensant un réformisme révolutionnaire ou radical qui ne confonde pas le dé-passement du Libéralisme avec le renoncement au Socalisme, la négation du Communisme avec sa néantisation ; le compromis démocratique avec la compromission.
Le Réformisme radical ou critique ne s'oppose pas à l'idéal révolutionnaire - il s'agit, selon le mot de Marx, de comprendre le monde pour le transformer. La critique théorique ne peut trouver quelque pertinence que dans son articulation pratique ou praxéologique, à la critique sociale, aux luttes pour la Reconnaissance - luttes des sans- ; des précaires ; des nouveaux "nègres"... Lorsque le discours structurant le Social se ferme à son autre, il est nécessaire d'opposer à la violence qu'il lui fait, à tout le moins une résistance, défensive, sinon une violence offensive pouvant le fracturer, le ré-ouvrir.
Le refus du messianisme révolutionnaire tel que l'a produit la Modernité renversée du XIXème siècle ne signifie pas le rejet de la perspective révolutionnaire comme moment dialectique. La pratique que nous défendons est celle d'un activisme social et culturel, intellectuel et concret, toujours politique, qui ne néglige ni le front institutionnel, ni celui de la rue. Pour autant, la guerre a ses principes, et nous n'ignorons pas les dangers, les problèmes que ne peut pas ne pas soulever le moment dialectique de l'hystérie révolutionnaire, tel qu'il fait symptôme pour la dit-vision refoulée du $ocial - particulièrement en ces temps où fait retour la psychose fasciste.
Nous adressons alors cette mise en garde au politique : l'Institution républicaine ne saurait survivre au nécessaire renversement du discours qui structure ses formes contemporaines qu'à s'ouvrir à leur dépassement - car les formes modernes de la démocratie introuvable, de l'horizon démocratique, appartiennent déjà au passé. L'Europe en panne, la Vème République comme toutes les formes de l'Etat contemporain, souffrent d'un déficit de démocratie ; les inégalités sociales imposent une rupture avec le discours libéral ; l'économie délirante exige un traitement, et il est urgent que le Marché, ce fragment du $ocial devenu fragmentation sociale, c'est à dire atomisation des $ujets, des luttes, des dit-visions, soit remis à sa place. Si la réforme échoue à révolutionner le discours, alors la révolution le réformera inévitablement.
L'heure de la destitution des idoles de la Modernité a sonné. Ignorer cet Appel qui se fait entendre dans les revendications sociales, populaires, individuelles ou communautaires serait signer l'arrêt de mort du projet d'émancipation des Lumières, qui ici, maintenant, doit s'échouer ou se dé-passer. Si, en effet, un tel projet émancipateur peut survivre à sa négation, ce n'est qu'à ces deux conditions, que celui-ci puisse intégrer sa critique, qu'il puisse survivre comme projet aux apories de son contenu normatif ; et que celle-ci ne se confonde pas avec une volonté de néantisation de la Modernité telle que la porte un certain "anti-libéralisme" d'inspiration nationaliste ou néo-fasciste.
La répétition qui oeuvre la dialectique nous a ramené à ce moment charnière où tout se joue, pour le meilleur ou pour le pire : la répétition mortifère du même, ou le renouvellement, la répétition différante de l'institution symbolique de la société.
Si l'hypermodernité constitue, ainsi que nous l'avons montré par ailleurs, la répétition du point de ratage de la post-modernité, si la Modernité s'achève dans le Marché global ; si l'anti-modernité s'achève dans les camps ; alors il est urgent de poser une contre-modernité qui puisse ré-ouvrir l'horizon des possibles.
L'institution est trop précieuse pour qu'on la laisse scléroser - ce qui ne se dépasse pas, dit Debord, pourrit et périt. Il s'agit alors de produire une parole qui puisse instituer un discours assurant une continuité de la Culture dans la rupture avec le discours du Capital. Renouveler la Critique, c'est à dire re-produire de l'émancipation, remettre de la critique au lieu des renoncements. En finir avec l'idée mortifère de la clôture identitaire, individualiste et historique - c'est à dire : réenclencher une dialectique positive, renverser le discours. Et assumer cette tâche comme étant sans fin.
Enfin, garder à l'esprit que quoi que nous écrivions, nous ne produirons jamais autre chose qu'une pensée elle-même située et appelant à sa propre déconstruction. Mais ceci appartient à ceux qui viendront ensuite. Nous ne nous revendiquons rien de plus que des passeurs.
Si l'on ne peut dépasser la post-modernité, alors achevons-la.
"La chouette de Minerve s'envole au crépuscule." Hegel
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2 Se réduisant donc lui-même aussi à un moyen de cette Reproduction du Capital, de son idéologie et de sa morale, de son système de croyances et d'obligations, c'est à dire de son discours comme forme sociale, idéologique et économique.
3 Alors que déjà Kant reconnaissait ce que Lacan dira : que l'inscription de la liberté dans le Réel implique pour elle d'accepter à la fois qu'elle soit toujours aussi le moyen de l'Autre et que l'Autre soit aussi toujours à lui-même sa propre fin.
4 La dit-vision du sujet des interdépendances et celle du Social étant en situation de codétermination ou de coproduction réciproque, et d'interpénétration qui rend extrêmement floue, poreuse et mobile la séparation - contenant toujours une part arbitraire et subjective - du Moi et du Non-Moi : l'autre est en Moi et toujours déjà je suis en lui. Toute frontière est une zone de passage, de circulation, avant que d'être une clôture.
5 C'est bien ainsi, en effet, qu'il faut comprendre le Phallus, dont Lacan caractérisant la société patriarcale disait que "les femmes le désirent, les hommes croient le posséder, et jamais nul ne le possède" : un Nom-du-Père, c'est à dire le signifiant d'un manque que l'on signifie d'un plein par la logique du fantasme. Le Nom-du-Père représente pour insu-jet le fantasme de sa liberté, de son autofondation et de son auto-suffisance ; le Moi idolâtré ; l'adéquation fantasmée de Moi avec Soi, du mot à la chose, c'est à dire de son discours, de sa parole au Réel et de son désir à la Loi. C'est le signe inauthentique mais l'authentique symptôme de la liberté qui se fantasmant comme puissance, facticement réalisée comme domination subie ou produite, et dans la société capitaliste pro-jetée dans l'idole ainsi investie du Capital, s'investit sous la figure du fétiche - la marchandise - et qui alors fuit sa réalisation dialogique, sa déconstruction critique, appropriante - puisque il ne peut y avoir appropriation que sur le fond d'une désappropriation ou d'une inappropriation originaire, d'une perte ou déchéance ontologique - que le sujet soit toujours déjà d'échu. C'est l'incapacité à assumer une telle perte au fondement de son eksistence qui augure du déni d'altérité qu'opère insu-jet afin, de crainte d'être néantisé par une telle altérité, de se protéger de sa nécessaire négation - qu'il s'agira d'assumer comme Aufhebung : déconstruction appropriante en ce qu'elle est dépassement et non destruction, ni plus, d'ailleurs, qu'un retour à quelque état qui serait antérieur à l'aliénation.
Dans le monde organisé par le règne de la Marchandise, la réification de l'autre atteste de l'objectivation du Moi, c'est à dire de la fétichisation du signifiant faisant s(tr)u(c)ture de son ratage, ayant pour fonction de l’arrêter, de figer le regard, de produire l'impossible fixation du désir insu comme désir de l'Autre dans l'objet-fétiche, la marchandise, c'est à dire d’arrêter son point de fuite, fermant les possibilités d'une relance ou d'une relève signifiante. Le Moi, ce représentant du Soi se prenant pour son représenté, la liberté hétéronome car ne reconnaissant pas ses déterminismes, croyant devoir se réaliser contre et par la réification d'autrui comme pouvoir absolu, sans limite, donc sans bord et alors sans forme ni contenu, puisque il ne peut y avoir d'en-dedans sans en-dehors, est alors le nom-fétiche de son manque-à-être qui s'en dénie : s'identifiant à la possession du Phallus (dans la Père-version), quand il ne s'identifie pas à sa soumission au Phallus fantasmé de l'autre (dans la névrose), il est le nom d'une blessure narcissique refoulée, déniée ou forclose : une suture bien fragile sur la coupure qui passe au cœur de l'être et le fonde comme sujet en puissance, devant se réaliser projectivement, dialogiquement, en acte.
Le Phallus qu'incarne le Capital sous la figure de la marchandise, comme idole surmoïque, se donne alors à voir comme articulant toute une économie libidinale autour du déni fétichiste, de la chosification de l'Homme : machine de production-répétition du désir qui n'étanche jamais la soif du capitaliste ni plus que celle du consommateur, en ce que son principe est bien le nom d'une perte originaire et essentielle de soi, la mort toujours-déjà là de Dieu que l'on se refuse à assumer comme devoir de faire sens ensemble, d'assumer comme une tâche à la fois subjective et collective l'AbSens fondatrice de fondement de l'être-jeté. Ce qui ainsi s'en dé-nie est en effet cette AbSens ontologique fondant la perte comme tâche signifiante, comme structure ontologico-existentiale la plus originaire d'insu-jet, et qui vécue comme angoisse de Castration, appelle cette liberté à se convertir à sa finitude infinie - encore faut-il qu'elle entende cet Appel que relaie l'Autre qui la réfléchit. C'est alors sur le fondement d'une hétéronomie radicale assumée qu'est possible une autonomie subjective, dès-lors que celle-ci s'ouvre à sa négation par l'autre qui l'institue, en permettant la négation de la négation.
C'est dire que le roi est nu : l'illusion du pouvoir n'est que pouvoir de l'illusion, et ne se maintient que pour autant que l'autre y croit.