A la lettre ! Lacan & Derrida, histoire d'un malentendu
Désaffiliation et retrait de l’activité : se désengager pour rester engagé ?
La constitution de l'Europe :
la critique habermasienne de la construction européenne analysée au prisme de la théorie de la Reconnaissance
L ' « immigré » : une catégorie d’analyse pertinente ?
Quelle utilité peut revêtir un tel concept pour les sciences sociales ?
Un genre de différence : de la coupure et du Réel, des ordres symboliques et de la différence imaginaire.
Pourquoi la théorie du Genre ne manque pas la différance sexuelle
(sur le statut ontologique des rapports de domination)
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Être, étant, existence...
La mélancolie ou l’éclosion de Soi dans le deuil du Moi : qu'objecter à l'objet ? Du meurtre à la naissance du sujet – pour une éthique de la perte. - Croyance et vérité en psychanalyse - Que peuvent nous apprendre de la condition de l'être-humain, les thématiques – liées – du travail de deuil et de l'angoisse mélancolique ? Freud nous dit, en un premier temps, que le travail du deuil – dont nous ...
L'identité est un chemin d'exil. « Avoir conscience de la mort et penser ou raisonner, c’est tout un, puisqu’on ne pense qu’en quittant les particularités de la vie, et donc en concevant la mort »1, écrit Maurice Merleau-Ponty. La conscience de la vie est conscience de la mort. Freud, déjà, articulait la vie psychique autour d'une dialectique d'Éros et de Thanatos, des pulsions de vie et de mort. Une telle idée est également à l’œuvre dans ce qui, chez Heidegger, est tout autant une anthropologie qu'une ontologie – l'élucidation de l'être-Homme comme être-au-monde, être-jeté-là, et pro-jet, qui a à approprier comme une ex-tase son existence originairement donnée comme factice, en la déterminant en vue de sa fin, dans un perpétuel devancement de soi qui va chercher en l'autre le fondement de son ipséité. Si pour Fichte, en effet, dont l’œuvre a très largement inspiré les travaux de M. Heidegger, la possibilité est donnée à l'Homme de se constituer en son ipséité, ce n'est que parce qu'est posée une division essentielle entre lui et le monde qui lui permet de revendiquer son identité en l'opposant à une irréductible altérité – le Moi ne peut venir à l'existence qu'en tant qu'il se pose face à un Non-Moi. L'activité qui fonde l'essence de l'Homme comme ex-istence n'est possible que comme effort permis par la résistance que lui oppose le monde. Lacan puisera abondamment dans cette tradition qui pense l'Homme comme dialectique – dialectique de l'activité et de la passivité ; de l'identité et de l’altérité ; de l'appartenance et de la distanciation ; de la vie et de la mort, Éros et Thanatos.
Le sentir paradoxal : les sensations comme ouverture au langage (l'antécédence de l'Ouvert à l'égard du langage saisi dans sa dimension synchronique) - Théories et cliniques psychanalytiques - Bien que largement contredite par les sciences humaines et sociales et les recherches philosophiques contemporaines, une idéologie demeure dramatiquement en vogue, et nombreux sont ceux qui pratiquent à son égard une forme de déni, contraints d'accepter d'un côté les preuves accablantes de l'échec de la théorie tout en continuant d'en assumer illusoirement les prétendues conséquences dans le champ pratique – moral, économique, politique... Une telle idéologie – l'Individualisme – prétend que l'Homme serait avant tout une conscience dont la liberté s'apparenterait à un désengagement radical, et que ce ne serait que secondairement que cette liberté ferait le choix rationnel de ses engagements, de ses croyances, de ses désirs. L'Homme serait donc primairement, essentiellement, une substance autonome – la Res cogitans cartésienne – et se lierait au monde, ressentirait, entrerait dans le langage et la langue, dans Lalangue, en quelque sorte par accident. 0r, contrairement à ce que prétend l'Individualisme, l'Homme n'est jamais ni ne peut être une tabula rasa : il est même, on le sait au moins depuis Husserl, par définition, structurellement, essentiellement tout le contraire d'une conscience séparée du monde, qui s'imprégnerait seulement secondairement de sensations provenant de son extériorité. La relation est première, l'Homme toujours-déjà engagé, toujours déjà présent au monde, un être-là-avec – c'est à dire qu'il est toujours-déjà au-monde et toujours déjà là-avec-l'autre (et l'Autre !). L'enfant à naître n'est-il pas, ainsi que le dit Lacan, dès avant sa naissance, « déjà, de bout en bout, cerné dans ce hamac de langage qui le reçoit et en même temps l’emprisonne » ? Pour le moins, l'Homme naît dans le langage : toujours-déjà pris dans ce filet que constitue pour lui le Signifiant – à la fois un étau et un socle, qui ouvre en la bornant l'existence du sujet de l'Autre. L'Homme ne vient jamais au monde préalablement à toute expérience : « exister, pour nous c'est sentir » disait fort justement Rousseau. Dès sa venue au monde, l'être humain éprouve des sensations. Sitôt qu'il est jeté à l'eksistence, il l'est déjà sous la modalité du sentir, modalité qui doit alors se comprendre non comme simplement existentielle – contingente – mais existentiale – nécessaire, participant de la structure ontologique de cet être singulier que Heidegger nomme Dasein, et Lacan, Parlêtre : LOM. LOM, DaSein, l'être-humain en tant qu'il est toujours-déjà un être-au-monde, est d'emblée et jusqu'à la fin de son eksistence jeté au monde sous le mode du sentir – et ce avant-même de l'être sous le mode du parler. En quoi l'entrée de LOM dans le langage est-elle elle-même préparée par, et conditionnée à cette structure sensitive ou perceptive du sujet ? En quoi les sensations ouvrent-elles l'Homme au langage ? N'y a-t-il pas dans le sentir déjà une structure linguistique, ou à tout le moins pré-linguistique, et déjà symbolique ? Les sensations, en effet, ne doivent-elles pas se comprendre comme ce par quoi toujours déjà s'esquisse la symbolisation, une marche qui fait se tenir l'Homme, dès sa venue au monde, à l'entrée du langage, à l'orée du Symbolique, donc du Réel, en tant que déjà il s'y divise, préparant à ce qu'il s'y dit-vise – là où le Réel s'absente, condition de sa représentation, de lalangue ? Pour le dire autrement, les sensations ne traduisent- elles pas un Sentir originaire constituant la condition existentiale du Parlêtre comme Dasein ? Avec les sensations, en effet, il semble que nous soyons déjà dans quelque chose de l'ordre de la trace. Les sens préparent le sens, permettant l'entrée dans la signification qui à la fois ouvre et borne le sujet, l'eksistence dite subjective : les sensations se situent dans ce battement que Bernard Salignon nomme « l'entrouvert », et qui renvoie évidemment à ce par quoi Heidegger définissait l'Homme, DaSein, comme clairière de l'être.